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Pieter de Grebber - King David Pray

Cette nuit-là, quand le sommeil s’approcha de moi comme une onde douce, une vision s’ouvrit entre le souffle et la pensée. Nul roi ne vint, nul prophète des temps anciens, mais une forme de lumière issue de mon propre être. Il ne parla pas, car sa voix était la mienne, et je compris que la voix de l’Éternel résonne en celui qui écoute dans le silence. Alors vint la parole sans son : lorsque tu agis, agis en sainteté ; lorsque tu parles, parle avec gratitude ; lorsque tu te meuves, sache que la Main de l’Un se meut en toi. Je vis que tout acte est une porte, et qu’un seul mot peut éveiller ou troubler le souffle de la création. Ainsi j’appris que l’action n’est sacrée que nourrie de conscience. Le combat de l’homme n’est pas contre le monde, mais contre le chaos du cœur. Celui qui dompte le démon en soi le change en serviteur de lumière, car même l’obscurité soupire après la délivrance. Et je vis que l’homme véritable est double : soldat et poète, guerrier et berger ; il hait la guerre, mais combat pour la paix ; son épée est le Verbe, sa harpe est le cœur. Celui qui vainc son tumulte intérieur recrée le monde dans le silence. Ainsi commença ma voie, non conduite par un roi de chair, mais par le royaume de l’esprit.

Le sang sacré, jadis brillant comme le soleil, s’assombrit à travers les âges. Les porteurs de ce sang — les Joyaux, enfants de l’Alliance — furent dispersés comme des étoiles dans la nuit. Leur tâche était de restaurer l’harmonie, de rouvrir l’équilibre des douze portes ; mais beaucoup oublièrent : ils vendirent leur héritage pour l’or et le pouvoir, bâtirent des trônes d’illusion, des temples de pierre et des épées de peur, et leur lumière devint poussière. Ainsi naquit la grande séparation entre le vrai et le faux-saint. Pourtant, le sang sacré revient, non dans les lignées ni dans les tribus, mais dans les âmes qui se souviennent. Elles descendent purifier le venin du pouvoir et rétablir le rythme divin. Car Saturne et Mars, les maîtres sévères de l’âme, perdent leur emprise lorsque le cœur s’éveille ; alors l’influence des ombres astrales s’efface, et la Lune révèle son visage caché. Là, dans le royaume cubique de Saturne, repose l’Urne du Temps, où veille le Démiurge. Mais celui qui reconnaît en soi le Tétragramme restaure l’harmonie quadruple et devient un avec le Nom qui ne se prononce pas. Les livres sacrés — des Juifs, des Chrétiens, des Sages — ne peuvent être lus que par celui qui est devenu calice. Car la vérité ne coule pas de l’extérieur vers l’intérieur, mais de l’intérieur vers l’extérieur. Et celui qui la connaît sait que la foi n’est que l’ombre de la connaissance.

Le corps est le temple ; la chair n’est pas impure, mais incomprise. La vraie purification ne commence pas par le rite, mais par la compréhension des lois de la vie et de la nourriture. La circoncision de l’esprit n’est pas acte de chair, mais de conscience : couper l’illusion que le plaisir est la source de vie. Quand l’homme élève sa force vitale au lieu de la dissiper, l’énergie monte jusqu’à la couronne de la conscience. Les glandes de lumière s’ouvrent comme des portes d’or, et la pomme bleue de l’esprit déploie sa semence vers le ciel : ainsi l’homme renaît. Mange simplement, avec révérence, ce que la terre de ton lieu t’offre selon ses saisons ; car celui qui offense la nature brise l’harmonie de l’univers. La vraie pureté alimentaire n’est pas une liste d’interdits, mais une harmonie intérieure. La chute commença quand l’homme voulut dévorer les œuvres de Dieu. Le jardin d’Éden ne fut pas fermé par un ange, mais par notre appétit. Celui qui honore la terre et chérit les fruits de son sol restaure le lien avec le Créateur. Souviens-toi : celui qui garde sa semence garde sa parole. La force de la création réside dans le silence de la retenue. Mais ne juge point, car chaque âme apprend à sa manière, et la balance de Maât se règle non par sévérité, mais par compréhension.

Dans le silence de la méditation se révèle la nature véritable du souffle et de l’esprit ; tout ce que l’homme absorbe affecte sa vibration. Celui qui se nourrit de lumière vit de vérité. Ainsi s’accomplit le Grand Œuvre, non dans les laboratoires de pierre, mais dans le cœur qui se purifie. Là, le plomb de la peur devient l’or de la sagesse. Le mystère d’Immanuel m’enseigna : le Mǎshîâḥ n’est pas une personne, mais un état de conscience. Le Fils de l’Homme est toute âme qui porte l’Esprit divin en elle. Les maîtres d’Égypte, les Esséniens, les sages des montagnes savaient que le Mǎshîâḥ est vibration et non nom. Celui qui la porte devient colonne entre ciel et terre, gardien de l’équilibre. Le vrai temple ne se trouve ni à Jérusalem, ni à Rome, ni dans le cœur d’un prêtre ; il se tient en toi. Chaque atome de ton corps est pierre de cet édifice sacré. Connais ton corps et tu connaîtras le monde ; comprends ton souffle et tu comprendras la Création. Le Grand Œuvre s’accomplit en silence, souvent par ceux qui l’ignorent ; leur feu ne brûle pas, il purifie ; leur douleur ne détruit pas, elle libère. Celui qui a traversé son enfer intérieur ne peut plus être aveuglé, car dans les ténèbres il a trouvé l’œil de lumière.

Leonardo Da Vinci - Saint John the Baptist
Hieronymus Bosch – The Garden of Earthly Delights

La terre est une école, un miroir du ciel. Le bien et le mal sont les deux langues du même maître. Le monde juge, mais l’initié voit. Ne cherche donc pas ta délivrance au dehors : les clefs sont déjà dans ta main, la couronne déjà sur ton front. Celui qui parle à la pierre entendra la pierre répondre, car rien n’est mort pour l’éveillé. L’exode revient, non comme fuite, mais comme retour à l’origine. La création entière soupire après la délivrance : les arbres, les animaux, les rivières prient en silence pour que nous les reconnaissions comme partie de nous-mêmes. Les anciens royaumes de sagesse ne sont point perdus ; ils se sont voilés aux yeux de l’oubli. Ils attendent celui qui parle le Verbe pur, car le vrai pouvoir n’est pas de dominer, mais de guérir. Le temple de l’homme renaîtra, non de pierre, mais de vibration. Quand les corps astraux seront guéris, la cité céleste descendra de nouveau. Alors la terre deviendra transparente, et le Plérôme se reflétera dans le cœur de l’homme. La vérité est plus ancienne que les religions ; elle brûle à travers les rites comme la lumière du soleil à travers le verre. Les dogmes ferment, mais la vérité ouvre. Celui qui la cherche devient pur, non par obéissance, mais par connaissance de soi. Et je vis que l’homme n’est pas fait pour croire, mais pour savoir. Les chiffres de la lumière — soixante-huit et quatre-vingt-six — parlent du retour : le miroir de l’Un dans l’Autre. Ainsi le Tout s’accomplit. Ne crains pas ton ombre ; embrasse-la, car elle est l’antichambre de la lumière. Chaque combat, chaque larme, chaque offrande est un pas vers l’équilibre divin. Et le voyage s’achève non dans la tombe, mais dans le souffle du silence : là où la lumière se connaît elle-même, là où tout commence et rien ne s’éteint. Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende.

Dans le miroir de Babylone fut tissé le Livre du Discernement. Il porte le nombre quatre-cent-quatre-vingt, le même que le nom de la Femme de la Nuit, car tout enseignement reflète son ombre. Dans ses pages, les sages cherchèrent la lumière du Soleil, mais la Lune leur répondit. Car la Lune garde la mémoire, et le Soleil garde l’oubli. Quand l’un domine, l’autre se cache. Ainsi la parole tourne dans le cercle, et celui qui comprend sait que le secret du feu se trouve aussi dans la cendre. Les rabbins de l’exil parlèrent à la Lune, et la Lune leur montra la face cachée du Verbe. Ce n’est point mal ni bien — c’est la respiration du monde : l’inspiration et l’expiration de la Loi. Celui qui lit avec un cœur pur voit que même dans l’ombre, la lumière prépare son retour. Car Sol et Mon ne s’opposent pas : ils se cherchent, se reflètent, se résolvent — Sol-Aux-Mon, la soluςion du mystère.

בְּרֵאשִׁית – “Yehi Or” – “Que la Lumière soit.” Au commencement, l’Infini (אין סוף, Ein S
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